KARMAKANIC: Transmutation (PROGRESSIVE ROCK): review / opinion to read on Music Waves

Il aura fallu huit années à Karmakanic pour donner un successeur à l’excellent "Dot". Pour ce "Transmutation" à l’intrigante pochette, Jonas Reingold a réuni une dream team dont le casting laisse rêveur - il avoue en plaisantant à ce sujet : “Je dis souvent que Karmakanic est l’équivalent prog du FC Barcelone : juste les meilleurs joueurs sur le terrain !”. Parmi les membres, des habitués du groupe, mais aussi des musiciens issus de The Tangent, The Flower Kings, et un bon nombre de musiciens de la team Hackett fréquentés lors des tournées "Genesis Revisited". Et en frontman, un inattendu en la personne de John Mitchell (Arena, Frost*, Lonely Robot…), propulsé en lead vocal et qui s’en sort honorablement.

Les habitués du groupe se retrouveront en terrain connu, Karmakanic restant ici solidement campé sur ses bases habituelles dans un progressif de haut vol qui maîtrise parfaitement son sujet, à commencer par le maître des lieux qui décline toutes les possibilités de sa basse, marquant l’espace de façon mélodique (‘End of the Road’, entre autres).

Les musiciens évoluent en totale complicité, chacun brillant dans son domaine : des claviers d’Andy Tillison sur ‘Bracing for Impact’ à la guitare de Luke Machin dans ‘End of the Road’, chacun s’applique à apporter sa pierre à l’édifice. On retrouve avec émotion l’accordéon de Lelo Nika sur le magnifique ‘All that Glitters is not Gold’, où brillent également les sax de Rob Townsend. Chaque pièce est soigneusement évolutive, dans un esprit progressif remarquable - une constante dans les productions de Karmakanic. Côté vocal, John Mitchell tient la barre avec un ton sage, souvent pop (le single ‘Cosmic Love’) tempéré par son grain de voix bien marqué. Göran Edman (habitué de Karmakanic) vient booster le lead vocal dans les passages plus tendus (‘Gotta Loose This Ball and Chain’).

Placé en fin d’album, l’épique ‘Transmutation’ apparaît comme une métaphore de l’évolution de la musique de Jonas Reingold : il semble en effet contenir tout ce que sait faire Karmakanic en près de 23 minutes. Ce format, qui reste une signature incontournable dans le progressif, apparaît ici un peu comme un passage obligé : introduction aimable, puis longue exposition en mesures impaires laissant la parole aux solistes (guitare, piano, basse…) à la manière du jazz, et un final ample plus symphonique. Cette longue pièce, qui demande un effort à l’auditeur pour adhérer sur la distance, sent un peu l’exercice de style malgré le talent des musiciens et percute moins que les autres titres.

Cette petite réserve posée, "Transmutation" reste une évidente démonstration du talent d’un groupe qui continue à s’affirmer comme une valeur très actuelle d’un progressif extrêmement bien construit et remarquablement exécuté. - Official website

KARMAKANIC

TRANSMUTATION

AUTRE LABEL

PROGRESSIVE ROCK